Né dans une famille modeste, mais heureuse, Ezio a une enfance des plus classiques. Très proche de sa mère, il la regarde toujours avec des étoiles dans les yeux. Son père n'est jamais très présent, parfois un peu dur, mais toujours juste. Il n'a pas grand-chose en commun avec le caractère plus réservé de sa grande sœur Giuliana et s'ils ne sont pas très proches, ils arrivent tout de même à s'entendre. Grand curieux, il passe son temps à poser des questions aux grands sur le fonctionnement des choses et de la vie et quand il a assez mûri pour que les réponses ne soient plus aussi faciles à obtenir de la part des autres, il se tourne vers les livres et plus tard, internet. Il adore écrire sur les sujets qu'il découvre et il se prend de passion pour le paranormal. Il aime se faire peur. C'est à ses quatorze ans qu'il ouvre un blog sur le sujet, qu'il tient encore aujourd'hui. C'est aussi à cette période qu'il se demande pourquoi il a envie d'embrasser son meilleur ami de l'époque, mais qu'il n'ose en parler à personne. Tout n'était pas parfait, comme pour tout le monde, mais Ezio vivait sans cacher aucune peine derrière ses grands sourires. Et puis un jour, le diagnostic est tombé. Sa mère est malade, très malade, et les mois qui s'en suivent à ses côtés sont encore plus précieux maintenant qu'ils sont comptés.

Il déteste son anniversaire. Sa mère s'éteint le jour de ses dix-sept ans et son monde s'écroule. Il a dû mal à comprendre pourquoi la terre continue de tourner et pourquoi les gens continuent de vivre comme si de rien n'était. Il sourit toujours autant, mais à présent, c'est bien pour cacher la souffrance. Il observe son père tomber petit à petit dans l'alcoolisme et retient malgré lui les automatismes qu'il reproduira à son tour plus tard. Malheureusement, la boisson réveille un comportement violent chez son paternel et maintenant que Giuliana a quitté la maison familiale, le voilà seul devant cet homme qu'il ne reconnaît plus et qu'il se met détester. Les coups sont rares, ne sont pas tous si douloureux que cela, mais le traumatisme psychologique s'encre chaque fois un peu plus en Ezio, au travers des bleus légers qui colorent sa peau. La peur l'envahit, ne le quitte jamais vraiment, et s'intensifie un peu plus chaque fois qu'il sent le goût du sang dans sa bouche. Il le cache bien cependant et il continue de sourire. Personne ne doit savoir.

Un jour, lui aussi devient cet homme qu'il haïssait tant. Lui aussi, il fait du mal à sa famille puisqu'il se perd dans les beaux yeux de Mikjàll, le petit ami de sa grande sœur, et il succombe à ses charmes. Il est naïf Ezio, il l'a toujours été. Il se laisse embobiner par la tendresse et les belles paroles de celui qui lui affirme qu'il n'y a pas de honte à ne pas aimer seulement les femmes. Ils commettent l'irréparable et ne peuvent pas résister au plaisir charnel plus longtemps. Giuliana l'apprend, évidemment, et la dispute violente tire un trait sur le semblant de relation cordiale entre la sœur et le frère. La culpabilité le ronge, mais Ezio a besoin de se raccrocher à quelque chose, à quelqu'un. Il aime Mikjàll pour oublier son père. Il aime Mikjàll pour l'entendre lui susurrer à l'oreille que tout va bien. Il aime Mikjàll en acceptant de se laisser manipuler. Aujourd'hui, il se demande s'il l'a vraiment réellement aimé un jour.

Il aime Mikjàll, mais il doit partir d'ici. C'est à ses vingt-et-un ans qu'il a mis assez d'argent de côté pour fuir Acireale. Pour fuir son père, pour fuir tous les mauvais souvenirs. Il débarque à Palerme, dans la grande ville pleine de vie, et les premières semaines sont difficiles. Il poursuit ses études de journalisme et trime le soir et les weekends en tant que serveur pour pouvoir se payer une chambre dans un motel délabré. Il rencontre bien vite Drake, Camhaoir, puis Milo, et enfin, il arrive à retrouver un sourire plus sincère. Son monde se rebâtit peu à peu. Il s'installe en colocation avec Milo et plus les mois passent, plus ses sentiments envers le brun semblent prendre de la place. Il ne dira rien pendant des années, terrifié à l'idée de ternir une amitié dont il a tant besoin. 

Le bonheur, le véritable, il lui semble y avoir goûté pendant quelques mois. Parce qu'en s'endormant dans les bras de Milo tous les soirs, il se disait que rien ne pourrait l'atteindre à présent. Il avait trouvé sa place et son équilibre dans cet univers un peu bancal, mais finalement pas si mal. Pourtant, il ne peut y avoir de bonheur sans souffrance et la pire de toute, il se l'inflige lui-même. Il tombe à nouveau dans les filets empoisonnés de Mikjàll et il suffira d'un baiser pour tout briser, une fois de plus. Une fois de trop. Milo finira par lui pardonner, plus ou moins, mais la relation ne sera jamais plus la même. Et puis un beau matin, l'homme qu'il aime s'en va pour toujours et Palerme n'a plus aucune saveur. La Sicile n'a plus aucune saveur. Ezio veut fuir, comme il avait fui ses problèmes à Acireale, mais cette fois, il ne peut pas. Les démons s'accrochent à lui désormais, pas un lieu. Il n'y a plus d'issues et c'est le début de l'auto destruction, puisqu'il ne reste plus que cela. Il se retrouve chez Dante parce que la haine n'est plus vraiment là, mais juste assez pour qu'il ressente quelque chose de malsain qui le fait sentir vivant. Ils se détruisent à deux maintenant car Ezio n'a jamais su être seul. Que l'autre est chaud et qu'il a si froid.