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Dum Spiro, Spero
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moonlight | daejaDum Spiro, Spero :: Time and universe :: Flashbacks

Ezio Galvani

21.04.21 23:03






Il s'est endormi à six heures du matin aujourd'hui, puis il s'est réveillé à quatorze heures, lorsque les rayons du soleil sont devenus impossibles à ignorer derrière les paupières closes. Il n'est donc pas vraiment étonné de ne pas arriver à trouver le sommeil cette nuit. Il n'a plus vraiment de rythme, c'est pire encore les weekends quand l'obligation d'aller travailler au petit matin n'est plus là. Il a passé la soirée avec Dante, encore, à partager une bouteille et puis à partager la chaleur de leurs deux corps, encore. Il est seul dans le lit à présent, il fait bien plus froid et ses yeux sont grands ouverts. L'alcool ne l'aide pas à sombrer, ni le plaisir charnel et le voilà à penser de nouveau à tout ce qu'il essaie désespérément d'oublier. Il soupire, tourne encore quelques fois dans le lit avant de décider d'abandonner. Il a besoin de s'occuper l'esprit plutôt que de rester à la merci du silence et de l'obscurité.

Il enfile les premiers vêtements qu'il attrape, glisse ses chaussures à la hâte et quitte le grande maison sans un bruit. L'air nocturne est frais et la lune est grande. Sa lumière s'ajoute à celles des lampadaires pour le guider dans les rues. Elles sont loin d'être désertes malgré l'heure avancée, mais cela lui convient. C'est ce qu'il recherche après tout, un peu de bruit, un peu d'animation, un peu de lumière. Ses pas le mènent sans réel but et il s'éloigne de plus en plus des bars. Il marche en admirant la lune, il marche avec une soudaine envie de courir. De fuir. Il ressent un besoin presque viscéral de quitter Palerme, la Sicile, la Terre peut-être même. Cela ne servirait à rien pourtant, il le sait. Il ne serait pas plus heureux sur Mars, parce qu'il se sentirait toujours aussi vide.

 Il n'y a presque plus personne par ici, c'est calme. Il doit faire demi-tour, cela doit bien faire une heure déjà qu'il est parti. Il retourne sur ses pas et les bars ne sont plus aussi animés, il commence à se faire trop tard. Il rabat ses yeux sur le sol, observe ses pieds avancer machinalement sans regarder autour de lui et son épaule se heurte soudainement à quelque chose. A quelqu'un. "Oh, pardon." Il relève les yeux pour s'excuser et il ne peut s'empêcher d'observer plus attentivement le visage qui se découvre devant lui. Elle lui dit quelque chose, il est certain de l'avoir déjà croisée. Elle sort du lot, elle a quelque chose de particulier, il n'aurait pas pu l'oublier.

Il lui faut quelques secondes encore avant d'arriver à replacer la jeune femme devant lui et enfin, la réalisation éclaire son regard. "Daeja, je ne pensais pas tomber sur toi à une heure aussi tardive." Il se rappelle à présent. Il l'avait rencontrée à travers Milo, il y a des mois, un an peut-être. Il se rappelle qu'elle était une des rares personnes avec qui il ne sentait pas vraiment à l'aise. Il lui avait souri, sincèrement, et elle ne lui avait jamais rendu. Il l'avait revu de temps en temps, parce que Milo semblait bien l'apprécier, mais il ne connaît quasiment rien d'elle. Lorsque Milo est parti, il n'a plus eu d'occasions, ni de raisons, de revoir Daeja. Il s'était dit qu'il ne lui manquerait sûrement pas beaucoup.

Dans un réflexe incontrôlé, il est à deux doigts de lui demander si elle a des nouvelles du brun. Si elle sait où il est, s'il va bien, s'il reviendra un jour. Il se retient au dernier moment, parce que c'est malsain, parcequ'elle ne doit sûrement avoir aucune nouvelle et parce qu'ils n'ont jamais été si proches que cela. Alors, il se mord la joue pour retenir sa question et ses yeux se baissent pour arrêter de l'observer. Il ne lui sourit pas ce soir, pas comme à son habitude, parce qu'il n'a plus la force de faire semblant depuis longtemps. Il s'apprête à lui souhaiter une bonne soirée, à s'éloigner et sûrement ne jamais lui reparler de sa vie, lorsqu'il se rappelle d'une conversation qu'il a eu avec son patron, il y a quelques semaines. Il saisit l'opportunité, après tout, c'est peut-être un signe d'Elpis qu'il ait croisé Daeja en plein milieu de la nuit, dans cette rue vide. "Est-ce que tu travailles toujours au Sole Nore ? Et est-ce que tu serais éventuellement intéressée par une interview sur le sujet un de ces jours ? Je pense que peu de gens connaissent l'existence du Sole Nore ou des pratiques que tu enseignes, ça pourrait être l'occasion d'en apprendre un peu plus aux gens."
(c) DΛNDELION
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Daeja Dis

22.04.21 0:14

Moonlight
La nuit a été rude, ce soir. Tes mains te font souffrir, le bas de ton dos te tiraille, ta tête semble sur le point d’exploser. Et la colère, elle, est toujours présente. Tu inspires une bonne bouffée d’air frais pour apaiser la tension qui t’anime, mais le résultat est en demi-teinte. Dingue à quel point tu perds si vite patience devant un homme trop insistant. Je n’ai pas besoin de safeword, qu’il disait. Je connais mes partenaires,je connais leur limite, qu’il disait. Un incroyable connard, rien de plus, rien de moins. Les règles du Soleil noir son strict, pourtant. Et malgré tout, même avec votre réputation naissante, même avec toutes les mises en gardes, il arrivait encore que des jeunes hommes trop imbu de leur personne et trop bouffi d’égo mal placé parviennent à passer les mailles du filet. Tes talons claquent sur le bitume à un rythme presque trop strict. Tu as besoin de marcher, de déambuler un peu, le temps pour ta tête de retomber un peu en pression, le temps pour ton coeur d’arrêter de jouer du tambour et pour ton crâne d’imiter le bruit d’un marteau piqueur. Loin de toi l’envie de rentrer et de retrouver ton fils dans cet état. Déjà qu’il semble avoir une propension certaine pour user ta patience à une vitesse ahurissante, mais si celle ci est déjà bien entamé, tu te demandes comment tu pourras garder le cap.

Un pas de plus et ton épaule percute celle d’un autre. Tu sursautes presque, tant tu t’imaginais encore dans ton monde bouillonnant de rage, et tu fais rapidement volte face. La première chose qui t’agresse, bien au delà de ce contact inopportun, c’est la brume d’alcool dissipé qui s’évapore de lui. C’est presque léger, presque imaginaire et pourtant, tu la sens mieux que personne. Ça et son allure dégingandé, presque trop perdu pour la cause, te suffisent à durcir ton regard pendant quelques secondes. L’homme s’excuse rapidement, et tu aurais pu en rester là et partir simplement, si son visage ne te disait pas quelque chose. Quelques secondes de battement se passent pendant lesquelles vous vous regardez sans trop savoir pourquoi, sans réussir à mettre un mot sur cette impression de déjà vu prégnante et entêtante. Et lorsque sa voix reprend enfin le pas sur le silence, tu finis enfin par te souvenir. « Oh, oui, Ezio. Bonsoir. » Tu marmonnes, plus pour toi qu’autre chose. Il a toujours été un peu trop transparent, ce type. Un peu trop agaçant, aussi. À se demander comment Milo avait pu finir par en tomber amoureux. De la mauvaise fois ? Peut-être. Probablement guidé par les relents d’alcool qui émanent de sa tenue. En vérité, vous n’avez simplement jamais accroché tous les deux. C’était plus une ignorance tacite et calme qu’une rancœur aussi vive que celle qui t’anime à l’instant.

Tes bras se croisent sur ta poitrine dans un air autoritaire, alors que sa voix reprend sur le silence et qu’un de tes sourcils tressaute dans une mimique presque hautaine. Pendant quelques secondes, ton regard le juge de haut en bas, alors que tu te demandes silencieusement si Milo serait ravi de revenir et de le voir ainsi. Probablement pas. Probablement qu’il n’hésiterait pas à claquer la porte une dernière fois sur son nez trop fragile. Probablement qu’il le mériterait, cette fois, au moins. « Ça dépend. Tu comptes m’interviewer dans cet état ? On dirait un vieil ivrogne qui sort de la tournée des bars, et ce n’est pas vraiment ce qu’il y a de plus agréable pour les autres. » Pour toi, surtout. Avec cette allure, il ressemble presque à ton père. Et ce n’est pas un souvenir agréable qui remonte. Comme si tu avais besoin de ça pour compléter cette soirée catastrophique, vraiment.




( Pando )
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Ezio Galvani

25.04.21 20:10






Quand il prend le temps d'un peu mieux observer le visage familier devant lui, il se rend compte qu'elle a l'air exténuée. Un peu agacée, aussi. Tout un tas d'émotions qui suffisent normalement à faire comprendre qu'elle a certainement envie de tout, sauf de parler avec lui. Avant, il l'aurait vu. Il aurait compris et il se serait contenté de salutations polies avant de poursuivre sa route. Mais à présent, il n'est plus si doué que cela en relations sociales et il ne fait même pas semblant de lui sourire. Elle est là, devant lui, alors autant en profiter pour lui demander maintenant. Il sait qu'autrement, il ne le fera jamais, comme il n'a jamais eu le courage de la contacter depuis des semaines.

Elle le reconnaît aussi, heureusement. Il ne l'aurait pas vraiment mal pris qu'elle n'arrive pas à le replacer, il n'en aurait sûrement pas grand chose à faire pour être honnête, mais c'est plus simple ainsi. Elle n'est pas particulièrement contente de le croiser, il le remarque à son regard déjà un peu excédé et au ton de sa voix. Tant pis. Elle ne l'a jamais apprécié lorsqu'il essayait de faire des efforts, cela ne peut pas être pire maintenant qu'il n'en fait plus aucun. Du moins, il l'espère. Il espère et il demande, déjà prêt à essuyer un refus. Il la comprendrait, pourtant, il croise égoïstement les doigts pour qu'elle accepte. Ces derniers articles ne sont plus vraiment à la hauteur et il sait qu'une interview avec Daeja sur le Sole Nore pourrait l'aider à remonter un peu la pente de sa vie professionnelle. Il ne peut pas perdre ce dernier pan de normalité qui donne un semblant de rythme à ses journées. A sa vie.

Il affronte le regard de la blonde pendant qu'elle le toise, qu'elle le juge presque, et il se demande vaguement ce qu'il a bien pu lui faire pour qu'elle paraisse si dédaigneuse. Et puis, elle parle et il comprend. Il ne peut même pas lui en vouloir, encore une fois. Elle a raison, il est pathétique. Pourtant, les mots sont si durs, si vrais, qu'ils le percutent de plein fouet. Il se les prend en pleine figure comme des coups-de-poing, plus douloureux encore, et il déteste la peur que cela réveille en lui. On dirait un vieil ivrogne. Les mêmes mots qu'il a longtemps utilisés pour désigner son propre père. Il est devenu son propre père. Il est presque certain qu'il ne peut rien avoir de pire.

Il lui faut quelques instants pour retrouver la parole et pour arrêter de la fixer avec de grands yeux apeurés. "Non, je ne bois pas pendant les heures de boulot." Il aimerait dire qu'il ne boit pas du tout en semaine, qu'il ne lui arrive de se lâcher que les weekends, mais c'est un mensonge et il n'a pas envie de lui mentir. "T'as raison." Il a presque le besoin de lui dire qu'il le sait. Qu'il est courant qu'il est pathétique et qu'elle n'a pas besoin de le lui rappeler. Mais finalement, ce sont peut-être les mots qu'il avait besoin d'entendre, pour en prendre un peu plus conscience. Quelque chose dont il se doutait déjà un peu, qu'il va trop loin, qu'il faut arrêter avant qu'il ne se détruise pour de bon. Quelque chose qui ne reste jamais longtemps dans son esprit, parce qu'il rentre le soir et il y a Dante qui l'attend avec une bouteille, avec un joint ou parfois une pilule, avec sa bouche et avec son corps. Et alors il se dit que ce n'est pas grave, qu'ils sont au moins deux à être pathétiques et qu'ils peuvent bien l'être ensemble.

"Ce n'était qu'une proposition, si tu n'es pas à l'aise, je comprends et on oublie. Mais pour te répondre, non, je ne serai pas dans cet état quand je t'interviewerai." Il sera toujours vide, mais au moins, il sera sobre. A sa plus grande déception. Il continue un peu à marcher, emboîtant le pas de Daeja et l'air frais sur le visage lui fait un peu de bien. Il écoute le bruit des talons de l'autre sur le trottoir et la cadence a quelque chose d'hypnotisant. "Tu avais l'air déjà excédée avant que je ne te parle. J'ose espérer que ce n'est pas totalement de ma faute si ton regard donne l'impression qu'il pourrait tuer ce soir." Il souffle un peu du nez, pas un vrai rire, mais c'est quelque chose d'autre que la mélancolie ou l'anxiété et il n'y a pas de petites victoires. "Toi aussi, tu marches pour calmer un peu tes pensées ?" Elle n'a sûrement aucune envie de lui répondre, mais il aimerait trouver quelqu'un avec qui partager quelques pas nocturnes. Parce qu'il ne veut pas rentrer de suite, il veut fuir lâchement encore un peu.
(c) DΛNDELION
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Daeja Dis

02.05.21 13:34

Moonlight
La colère est presque viscérale à ce stade. Ni trop forte, ni trop brûlante pour dévaster chacune de tes pensées, mais bien assez vive pour raffermir le ton de ta voix et acérer la plupart de tes mots. Elles sont peut-être cruelle, ces paroles. Après tout, tu ne sais même pas ce qu’il fait là. Peut-être sortait-il simplement d’une soirée entre amis. Peut-être avait-il une bonne raison pour boire et sortir avec cet air débraillé… Non. Il n’y a jamais de bonnes raisons pour boire, à ton sens. Et quand bien même c’était le cas, tu n’étais pas vraiment connu pour ta patience et ta douceur envers les hommes. Envers les gars comme lui encore moins. Il sonne trop désespéré, trop soumis presque, lorsqu’il te regarde. Un bon petit chien craintif qui n’attend qu’un maitre pour lui taper sur le haut du crâne. Milo ne sait vraiment pas choisir ses partenaires. Ou alors, peut-être que si justement. Peut-être qu’il ne cherchait qu’un bon toutou capable de remuer la queue dès qu’il le voyait dans la même pièce. Tu l’aimais bien Milo, mais tu le connaissais peu. C’était peut-être ce genre de gars, tout compte fait.

Le chien se plait à te répondre avec un air presque attristé, presque blessé, et toi, tu te calmes un peu. Au moins, il ne nie pas avoir l’air pathétique. Il le sait. Il se voit tout les jours dans le miroir, après tout. Il doit bien le voir, qu’il est ridicule avec cet air hagard et cette odeur d’alcool qui émane de chaque pore de sa peau. Plus calme, mais toujours rancunière. Ce n’est pas en se laissant amadouer comme ça qu’on éduque un chien. Ta langue claque pour montrer ton mécontentement, puis tu surenchéris sans aucun tact. « Bien sûr que j’ai raison. » Tes doigts attrapent presque nerveusement le paquet de cigarette dans la poche de ton manteau. Tout pour masquer un peu de cette odeur qui agace encore un peu plus tes nerfs.

La clope bien en prise entre tes doigts et tes lèvres, tu laisses un air strict se peindre sur ton visage alors qu’il te répond, qu’il te suit mollement en arrière comme un basset suivrait son maître. « Pourquoi pas, alors. Tu n’as qu’à passer au Soleil Noir quand tu auras le temps. De toute manière, le videur ne te laisserait pas entrer comme ça. » Et c’est bien pour ça que tu l’aimes, ce videur. Il y a peu d’homme à réussir à attirer ta sympathie, mais lui, il a l’oeil vif et t’as sortie de bien des situations. Un soupir presque trop franc pour la cause s’échappe de ta gorge lorsqu’il reprend, presque un rire, une exclamation trop honnête. « Ah, non, ne t’inquiète pas pour ça. Un crétin a visiblement trop lu Fifthy Shade et c’est dit qu’il serait de bon ton d’essayer de se comporter avec moi comme Christian Grey. Autant dire qu’il en a pris pour son grade. » C’est ridicule maintenant que tu y penses. Ridicule de te laisser imprégner par la colère pour un résidu aussi puant. Et pourtant, tu es bien incapable de calmer tes nerfs. Alors tant pis pour Ezio, après tout. Il n’avait qu’à changer de trottoir. « Les hommes sont vraiment stupide, et toi, si tu continues à ce train là, tu vas finir comme le cliché du mec bourré qui rentre chez lui pour tapper sa femme et ses gosses. En tout cas, t’en as déjà l’allure. » C’est sec, empli de jugement et d’un ressentiment presque clairement discernable. Il te fait penser à ton père, comme ça. Et ce n’est vraiment pas un bon souvenir.



( Pando )

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Ezio Galvani

05.05.21 22:32






La tension est si palpable qu'il n'a pas besoin de regarder Daeja pour savoir qu'elle le méprise. Il se demande vaguement d'où vient cette haine envers lui, puis finit par se dire que ce n'est pas grave. Que cela ne change rien après tout, qu'il l'a sûrement mérité d'une façon ou d'une autre. Au moins, il ressent quelque chose de différent à présent, en marchant à côté d'elle, et c'est certainement mieux que le vide. Et puis elle parle et il ressent quelque chose de pire, finalement. Il n'y a donc aucune issue et il regrette presque déjà d'avoir ouvert la bouche. Ce sont peut-être exactement les mots qu'il a besoin d'entendre pourtant, mais il n'est pas certain d'être prêt à les accepter. Pas encore. Il aimerait lui dire qu'elle a tort, qu'il pourrait se reprendre en main du jour au lendemain et se présenter à elle dans de bien meilleures conditions. Mais mentir est fatiguant et il est effrayé à l'idée même de devoir traverser les journées et les semaines sans alcool, sans drogue ou sans Dante. S'il n'est plus pathétique, il n'est plus rien. Pas certain de pouvoir survire. Peut-être que Deaja le sait, sûrement qu'elle n'en a rien à faire. Elle a raison, encore.

Elle est sûre d'elle, presque hautaine alors qu'elle s'empare d'une cigarette, et cela le fait sourire un peu. Tant mieux pour elle. Après tout, le monde appartient à ceux qui prennent le contrôle, ceux qui savent ce qu'ils valent. Les gens comme elle, pas comme lui. La fumée irrite un peu ses poumons, l'odeur lui dérange les narines. Il devrait faire une remarque, comme elle l'a fait sur l'alcool, mais il ne dit rien. Peut-être qu'elle a besoin de cela, elle aussi. Et il est bien moins courageux. Elle ne refuse pas sa proposition, même si elle semble loin d'être ravie, mais il saura s'en contenter pour le moment. Il viendra sûrement la voir au Sole Nore, ou alors il se défilera pour leur bien à tous les deux. Il ne sait pas encore, il a arrêté de tout prévoir. A la place, il essaie d'un peu mieux la cerner et de la comprendre. Il ne sait pas pourquoi, elle n'a clairement pas l'air d'avoir envie d'être cordiale et il n'a jamais été un grand adepte des remarques passives aggressives comme celles qu'elle lui adresse depuis que leurs chemins se sont croisés. Ou alors, peut-être qu'il est arrivé à un point où avoir un peu mal est mieux que tout le reste. 

Il sourit doucement, encore, en imaginant la rage de Deaja s'abattre sur l'homme. Pire traitement que celui qu'elle lui offre. Elle n'a pas dû mâcher ses mots, il a presque envie de savoir maintenant. Il s'apprête à répondre, mais elle n'a pas fini manifestement et sa dernière phrase lui referme subitement la bouche. Il s'arrête de marcher et soudainement, il y a une nouvelle émotion qui touraillonne en lui. Plein de nouvelles émotions. Il sert les poings, ferme les yeux un instant, il sent le feu dévorant. La peine dévastatrice. Sa tête emplie des souvenirs qu'il ne semble plus pouvoir oublier depuis quelques mois. L'anxiété l'attaque brutalement, encore, comme chez Dante quand le vase s'est brisé et qu'il s'est retrouvé plongé dans son adolescence, face à la violence. Ses doigts viennent naturellement couvrir sa joue, là où les blessures du passé avaient ouvert sa peau. Il n'y a plus rien à présent, guéri. Comme si c'était aussi simple. "Non, t'as pas le droit de dire ça."

Il rouvre les yeux, plante un regard indescriptible dans les iris bleus, où le traumatisme réveillé par les mots qu'elle vient de prononcer doit exploser sans qu'il n'arrive à le dissimuler. "Je m'en fous que tu penses que je suis pathétique. Peu importe. En revanche, tes jugements sur des sujets aussi graves, tu peux les garder pour toi. Tu ne sais pas qui je suis, tu ne sais rien de moi. Comme je ne sais rien de toi, alors je ne me permets pas de supposer quoi que ce soit." Il s'arrête un instant, prend une grande inspiration. Il a la panique au bord des lèvres, des yeux, dans le cœur, dans ses mains qui tremblent. "Tu peux me mépriser si ça te chante, mais pas m'accuser de tout et n'importe quoi." Il a envie de faire demi-tour, de courir loin d'elle, loin de tout le monde. De lui crier à la figure qu'elle ne peut pas s'amuser avec les pires faiblesses des gens qu'elle croise, peu importe à quel point elle peut les haïr. De lui dire qu'elle peut bien le détester autant qu'elle veut, qu'elle ne peut pas le juger sur quelque chose de faux. A la place, il se contente de soupirer, de lâcher un "Bonne nuit" et il s'apprête déjà à tourner les talons. Il a envie de vomir, de crier et de pleurer, mais il ne fera rien, comme d'habitude. 
(c) DΛNDELION
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