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Dum Spiro, Spero
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ruin all of my nights - danteDum Spiro, Spero :: Time and universe :: Flashbacks

Scatach O'Shea

26.04.21 0:33


ft. dante
ruin all of my nights


Pourchasser la perfection pour l’attraper entre ses doigts écorchés,
La perdre, s’épuiser – Monstre qui s’éloigne, qui s’égare; monstre lessivé, monstre fade. Le soleil ne brille pas. Ni en elle, ni même dehors. Journée pluvieuse et nuages envahissants. Le ciel est sombre au travers de la fenêtre fissurée et le vent est froid. Elle tremble.
Elle tremble toujours, Scatach. Le froid a pris toute sa place dans son quotidien, a grugé ses os, l’a fait déraper. Il faisait moins froid, quand elle était sortie de là-bas; de l’enfer, mais le froid avait rapidement repris de son terrain.

Pas de prestation aujourd’hui.
Pas de client aujourd’hui.
Qu’elle et ses pensées; ses pensées qui l’entourent, la terrorisent, la tirent. Elle ne sait pas être seule avec elle-même, Scatach. Elle n’a jamais appris à se côtoyer. Toujours se perdre dans la musique au maximum pour oublier – toujours se perdre auprès des autres, dans une foule qu’elle déteste, pour ne pas s’entendre.
Il fait froid. Il fait toujours froid. Même l’été, il fait froid – mais l’été, c’est sa faute et elle le sait. Maintenant, c’est son appartement. Appartement délavé, délabré, mais parfaitement salubre bien heureusement. Scatach, elle nettoie. Elle passe son temps à ranger quand elle ne sait pas quoi faire, alors son appartement, il est propre malgré tous les problèmes qui s’y trouvent. Malgré tous les problèmes qu’elle possède.

Elle ne sait pas quoi faire. Elle ne sait jamais quoi faire, quand elle se retrouve seule, droite, immobile, dans un appartement qui est désormais sien – son refuge, le seul truc qu’elle ait jamais eu; et sa vengeance sur une mère qui semblait pas être en mesure de croire qu’elle pouvait s’en sortir.
Pas à pas, lentement, se diriger vers la cage dans laquelle jouent les deux petits rats et elle sourit. Elle sourit doucement, tendrement – parfois, elle est douce, Scatach. Parfois, ce n’est pas une tempête, ce n’est pas une catastrophe – parfois, elle est tendre. Elle ouvre la cage et les laisse venir à sa main, les flatte et leur remet de la nourriture et de l’eau avant de se diriger vers son lit où dormait Monaxia et de la prendre dans ses bras. Monaxia va rapidement se réfugier dans son cou alors qu’elle, elle se dirige vers la cuisine.

La nourriture s’entasse dans les armoires, dans le réfrigérateur, les dates de péremption excédées, dépassées. Son regard se pose sur chaque emballage et elle retient son souffle quelques secondes. (Elle a faim) mais jamais elle ne mangerait. (elle pourrait) ; mais il ne faut pas. Toujours, le contrôle. Le garder – ne jamais le laisser s’en aller, s’évader, s’envoler. Le garder tout près de son cœur pour n’avoir que ça.
Elle est faible, elle est étourdie. Son cœur oublie parfois même de battre et sa mémoire s’étiole; mais jamais Scatach n’allait céder aux envies des autres. Mais Monaxia, elle, a besoin d’être nourrie alors Scatach, elle sort les œufs, le mélange préparé et elle sort la recette particulière. Elle prépare le tout et dépose le bol sur la tête, là où Monaxia se rend pour manger.

Longtemps, tourner en rond. Essayer de trouver quelque chose à faire pour s’effacer et ne pas laisser les pensées exister – ne pas se questionner sur l’inutilité de sa présence sur terre et sur sa vie qui ne va nulle part. Longtemps, voir le temps s’écouler parce qu’aucune occupation ne vient, ne s’impose – et s’occuper de Monaxia pour ne pas oublier qui l’attend, qui a besoin d’elle.
Monstre et pourtant, pour Monaxia et les petits rats, mère et source de vie. Scatach souffle, elle respire, inspire, expire – elle essaie de savoir comment s’occuper et finit par décider, quand le soleil doucement colore le ciel de nouvelles couleurs, de sortir.

Elle dépose délicatement Monaxia sur son lit, lui affirme qu’elle revient pas trop tard et elle la flatte un peu. Le phalanger volant cherche à s’accrocher à elle, mais elle s’éloigne et elle se change. Des vêtements amples et déchirés, elle les troque pour une robe délicate, courte et très féminine. Devant son miroir, Scatach, elle se maquille, sans jamais toucher à son teint. Fantôme errant – fantôme fier de sa misère.
À son majeur traine un anneau massif qu’elle n’enlève jamais et elle prend son parapluie pour ne pas être dérangée par la pluie. Pour ne pas que le maquillage ne soit abîmé par l’eau. Par le ciel qui est aussi triste qu’elle l’est et elle erre. Elle ne sait pas pendant combien de temps elle marche, mais elle finit par se décider à écrire à un contact de sa liste et lui demander s’il fait une soirée – elle le connait. Elle sait bien que les chances que la réponse soit positive étaient très hautes; et elle l’était. Alors Scatach, elle sait où elle va pouvoir se noyer dans l’oubli et – et ne plus s’entendre.

Elle y va sans se faire attendre, Scatach.
Pas plus qu’elle ne se gène pour boire un verre aussitôt arriver, mais Scatach, elle ne devrait pas boire. Pas vraiment. Elle se perd, elle s’enfonce, elle s’étiole autant que ses espoirs vains.
Ses yeux se posent sur la nourriture et à ses lèvres, son verre d’alcool et soudainement, après un long moment à y être, le bruit est trop. Tout est trop : les personnes présentes, la musique, l’alcool, leur vie, leurs rires, leurs sourires, leur joie de vivre, tout est trop et elle étouffe et elle veut fuir. Elle ne les supporte pas. Elle ne veut pas les voir heureux. Pourquoi sont-ils heureux et pourquoi elle, elle ne peut pas l’être ? Elle veut que leurs sourires s’épuisent comme elle, s’effacent comme le sien et elle ne supporte plus.
Elle fuit. Elle fait tout ce qu’elle a toujours fait quand l’angoisse monte : elle fuit. Elle fuit en trouvant refuge sur le toit et elle s’approche du rebord. Elle monte sur la rambarde, elle tient en équilibre. Elle est bien. Ici. Un pas et elle tombe et ce serait doux. Son corps qui s’explose sur le sol et son cœur qui, enfin, cesse de battre. Elle n’aurait plus mal. Elle ne serait plus elle. Plus jamais de sourire, mais plus jamais de haine non plus. Elle oublie que ses animaux ont besoin d’elle; elle a besoin de la paix que la mort apporterait. Elle ferme les yeux. Elle respire doucement.
Elle frissonne. Il fait toujours froid.

twostars 021

Dante Motisi-Smeraglia

29.04.21 19:38
Le dessin ne prend pas forme, et il semble qu’il ne peut rien faire pour l’améliorer. Les traits du visage sont les mêmes que d’habitude, le paysage a du sens, mais les couleurs détonnent, les yeux ne transmettent aucun message, et il a tôt fait de les remplir de noir de manière désordonnée et de rajouter des cornes de bouc et une queue de démon en quelques traits avant d’envoyer valser la tablette graphique. Rien ne marche, aujourd’hui. C’est le huitième dessin qu’il a envie de brûler en une semaine, et appuyer sur la touche de suppression n’a vraiment plus le même attrait que quelques jours plus tôt. Il soupire et se laisse tomber sur le lit pour s’enfoncer sous la couette, se tourner sur le côté, et regarder les étoiles briller à l’extérieur. Il est tard, déjà. Il n’a rien fait de la journée, si ce n’est rater des choses. Rien de très rare, finalement. Sa langue claque contre son palais et il ferme les yeux. La litanie revient, tous les visages encourageants et les paroles qu’ils ont prononcées pour le faire aller mieux, ou parce qu’ils se sentaient obligés. Ca ira mieux demain. Il se relèvera. Il suffit de continuer d’essayer, et un jour il y arrivera. C’est juste une question de temps. Ca ira mieux demain.

Ses yeux se rouvrent après environ cinq minutes, immenses, alertes, épuisés aussi pourtant. Il ne dormira pas cette nuit. La glace le prend à la gorge et son corps tremble doucement, puis de plus en plus fort, alors que ses pensées commencent doucement à laisser les douces paroles mensongères pour accueillir les angoisses, les souvenirs et les hypocrisies de son propre cerveau. Il ne lui faut pas plus d’une minute pour sortir du lit, pour fouiller nerveusement sa table de chevet et en sortir un sachet de cocaïne, pour se faire une ligne et fermer les yeux en attendant que les tremblements se calment, que sa respiration revienne. Ca prend du temps, mais ça marche. Pourtant, il ne peut plus retourner au lit.

Quand il rouvre les yeux, le silence de la grande bâtisse résonne entre ses tempes et dans son cœur, et il soupire comme s’il portait toute la peine du monde sur ses épaules avant de se relever et de fouiller son armoire pour trouver des vêtements décents tout en appelant le premier contact de son portable. « Oui c’est Gustav oui, c’est ça. T’es où ? Ah nice, je suis là dans dix minutes. » Il raccroche avant même d’entendre la réponse de l’autre. Il ne sait plus vraiment qui c’est, de toute façon. Party Patrick, selon ses contacts. Ce n’est sans doute pas son vrai nom. Il ne lui a pas donné le sien non plus, après tout. Gustav. Un drôle choix de nom. Russe. L’idée le fait rire un peu, mais il n’est pas du tout amusé, et il se surprend à caresser du bout des doigts le nom ancré dans son bras. Luka. Russe. Il n’avait sans doute pas eu le cœur de prononcer son nom directement.

Virevoltant sur lui-même, il enfile un t-shirt et un pantalon, tous deux propres, et ça fera l’affaire, parce qu’il est déjà parti, skate en main, errant dans les rues jusqu’à sa destination. Il connaît la ville comme le dos de sa main, et aucun trajet n’est une découverte, aujourd’hui. Machinalement, il prend à droite, puis à gauche, et encore à gauche, dans les plus petites rues et à travers les cours des maisons. Rapidement, il se retrouve sur le porche de la maison, et la musique l’accueille comme s’il n’était jamais parti, alors qu’un petit soupir de soulagement s’échappe d’entre ses lèvres. Il est rentré. Quelques visages connus lui sourient, et il leur fait un petit signe pour dire bonjour avant de se perdre entre les différentes bouteilles et pilules qui passent dans ses mains, avant de rire à des plaisanteries pourtant peu amusantes, avant de laisser son regard traîner sur tous les corps qui veulent bien se montrer à lui, avant de capter autant de regards que possible à la recherche d’une ancre, n’importe laquelle, sous n’importe quelle forme, pour l’empêcher de se noyer de nouveau.

Mais il n’y a que des visages sans importance, à cette soirée, et de tous les visages familiers, aucun ne connaît réellement son nom. Alors petit à petit, malgré le whisky et les joints, le froid refait son petit chemin, et d’ici à ce qu’il décide d’aller faire un tour dans le reste de la maison, la glace a déjà fragilisé sa gorge et ses pupilles. Mécaniquement, sans réfléchir, ses pas l’emmènent en haut des escaliers, puis encore plus haut, et il passe même par une fenêtre, à un moment, il croit bien. Le chemin a peu d’importance. La destination est tout ce qui l’intéresse, en cet instant. Il voudrait sentir l’air sur sa peau pour se rappeler qu’il est vivant. Il voudrait se pencher au dessus du vide pour se souvenir qu’il n’est pas mort, mais que ça peut toujours arriver. Il voudrait sauter et s’envoler vers le soleil pour se brûler les ailes, au moins jusqu’à rencontrer le bitume d’en dessous.

Il s’arrête net dans sa quête quand il arrive enfin sur le toit, pourtant, parce que ses yeux s’accrochent à une chevelure rousse, à un corps suspendu. Pendant une minute, il la voit voler, cette inconnue, cette danseuse sur l’air, les drogues brouillant sa vision. Finalement, il comprend qu’elle est simplement en équilibre, mais un petit sourire se dessine sur son visage alors qu’il observe les yeux fermés et les traits paisibles de la femme. Il n’est pas le seul à vouloir voir le soleil ou le sol de plus près, sans doute. Il n’a jamais été le seul. Il n’est pas exceptionnel. Mais c’était son endroit, pourtant. C’était son plan à lui. Elle devrait partager également, puisque lui le devait, alors.

Il monte étrangement adroitement sur la rambarde, alors même qu’il avait du mal à tenir debout quelques secondes auparavant, comme si une main le retenait pour qu’il ne mette pas un terme à la conversation trop vite. Une bouteille à la main et une cigarette allumée dans l’autre, il tend un peu les bras pour garder l’équilibre, regarde le vide, savoure le frisson d’adrénaline que cette vision lui donne, et ferme les yeux à son tour. Mais il n’est pas de ceux que le silence peut rendre paisible, et il est incapable de simplement accepter la situation sans une explication, sans un sursaut d’existence, ne serais-ce que pour la finir.

« Alors ? On saute à trois ? » Un petit sourire amusé et fatigué fend ses lèvres, mais le regard qu’il pose sur la rousse n’a rien de vivant. Peut être qu’il est déjà mort. Il avait eu l’impression de l’être plus d’une fois. Et les yeux de l’inconnue lui renvoient ses propres pupilles, et il a un peu envie de pleurer, un peu envie de rire, un peu envie de l’embrasser, un peu envie de la tuer. « Je calcule 20% de chances pour qu’on se casse juste une jambe comme des cons. » Il fait un petit saut, mais pas en avant. Ses pieds rencontrent le sol du toit derrière eux, uniquement pour être suspendus dans le vide quelques secondes plus tard alors qu’il s’assoit sur la rambarde. Il n’a même pas eu peur. Il n’a même pas été soulagé à l’idée d’en finir. Rien ne semble suffire. « A toi l’honneur, si tu veux. Si ça marche je te suis. » Peut être. Ou peut être qu’il restera là pour regarder le sang s’étaler sur les pavés en se demandant si elle est paisible, maintenant, ou si elle n’existe plus du tout. En espérant que ce soit la deuxième option pour pouvoir la suivre.
(c) AMIANTE
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Scatach O'Shea

01.05.21 4:18


ft. dante
ruin all of my nights


Elle n’existe pas.
Sur la rambarde de ce toit, c’est son fantôme qui se dresse et lorsqu’elle s’écrasera sur le sol, elle s’effacera en milliers de cendres qui seront dispersées par la brise qui s’écrase actuellement sur son visage - ou plutôt le caresse en lui murmurant de se laisser porter. Elle se tient droite, immobile et ce sourire se dessine sur des lèvres asséchées.
Elle n’existe pas.
Elle n’est personne, elle n’est qu’une illusion, une création de l’esprit de tous ces gens et du sien - ou peut-être qu’elle est le monstre des cauchemars, celui façonné par les mains ignorantes d’une mère dissidente. Elle est le fruit de l’ignorance, du rejet, de la négligence. Elle est ce qui reste des vestiges d’un passé, d’un coeur qui n’a jamais été écouté - de quelques colères qui n’ont jamais trouvé refuge dans les bras apaisants d’une prétendue mère qui a décidé de la garder. Parfois, Scatach se demande pourquoi elle est née.
Pourquoi elle est morte tout en respirant encore et toujours. Pourquoi avoir été à l’hôpital ? Son esprit s’est perdu dans des sentiers sombres et personne ne peut la retrouver. Elle est une cause perdue, elle a atteint ce point de non-retour et elle ne veut plus voir de yeux emplis d’espoirs qu’elle détruirait en quelques secondes, en quelques minutes.

Scatach, elle ne respire plus.
Elle étouffe. Elle étouffe de la vie qui l’entoure, elle étouffe de l’oxygène qu’elle respire; elle s’asphyxie du bonheur des autres et du vide qui se creuse en elle, elle étouffe de cette drogue dans ses veines et de l’alcool qui lui tournent la tête et lui font perdre encore plus contact avec une réalité qu’elle n’a jamais désiré.
Scatach, elle se noie dans des pensées, elle se noie dans des émotions, elle se noie dans la colère qui se bouscule en elle et qui prend, toujours, des proportions inexpliquées, inexplicables. Elle se noie dans son vide, dans l’extrême, à la fois plongée dans les plus brûlantes flammes d’un enfer résidant sur terre et baignant dans les eaux les plus glacées qu’elle connaisse.
Mais ici, sur la rambarde, avec l’idée que tout puisse un jour s’effacer, s’envoler, elle sourit. Le sourire n’est pas doux, le sourire n’est pas apaisé. Le sourire, il est cynique. Il est placide. Le sourire : il est détruit.

i don’t see you like i should

Elle l’entend.
Elle l’entend qui monte sur le toit. Elle l’entend qui s’approche, elle l’entend qui monte sur la rambarde exactement là où elle se trouve et elle veut lui hurler de se trouver un autre fantôme à hanter parce qu’elle ne veut rien savoir de sa présence ici. Elle veut lui balancer qu’elle le déteste. Elle ne sait pas qui se trouve ici, elle garde les yeux fermés Scatach, elle veut juste lui fracasser le crâne sur le sol froid parce qu’il a le malheur de se trouver ici. Elle veut l’entraîner dans sa descente aux enfers les plus profonds, dans les méandres de la terre, pour atteindre le centre et le magma en fusion. Pour atteindre les étoiles peut-être au passage. Elle ne sait pas trop.
Mais il parle et son sourire devient presque moqueur alors qu’elle ouvre les yeux pour le discerner dans l’obscurité ambiante. Le monde autour d’elle, il tangue. Elle ne sait pas à quel point elle a bu, elle ne sait même pas ce qu’elle a pris ; elle a simplement accepté ce qu’on lui donnait comme cachet. Alors, qui sait ?
Scatach, elle ne fait pas dans la sécurité. Elle s’enivre de l’adrénaline que lui procure le danger et s’empresse de détruire son corps de toutes les manières possibles pour encore plus lacérer ce qui demeure de son cerveau.

Il veut sauter.
Elle le regarde. L’a-t-elle déjà vu ? Elle ne sait pas. Elle ne pense pas. À vrai dire, peut-être qu’elle l’a déjà croisé dans une fête organisée, mais elle n’a peut-être pas fait attention plus qu’elle ne le devrait, effaçant de son esprit aussitôt son visage. Elle ne parvient même pas à le dévisager adéquatement et elle sourit. Vraiment. Elle sourit parce que maintenant, elle ne sait plus trop si elle veut lui fracasser la tête sur le sol de rage, de haine, de dégoût. Peut-être qu’elle veut lui prendre la main et sauter avec lui pour ne plus être seule, peut-être qu’elle veut l’embrasser et le serrer dans ses bras en lui disant qu’il ne serait plus jamais seul, parce qu’ils allaient crever ensemble. Elle le regarde. Et plus elle essaie de le dévisager, plus elle ne sait plus quoi penser de cette personne qui lui propose de sauter. À trois.
(un)

« À trois. » Elle sourit. Mais il y a quelque chose d’étrange dans son sourire. Il n’est pas heureux. Il n’est pas doux, il n’est pas joyeux. Il résonne du vide qui habite sa carcasse alors qu’elle le regarde sauter. Aurait-elle dû craindre qu’il tombe ?
Aurait-elle dû craindre qu’il s’écrase sur le sol
par sa faute;
encore une fois ?
Pourtant, Scatach, elle s’est contentée de le suivre du regard en se demandant de quel côté de la rambarde ses pieds allaient retomber. Et puis, il est de retour sur la rambarde et elle a eu le temps d’observer la bouteille d’alcool qu’il tient à sa main. Bouteille qu’elle attrape habilement. On se demande comment elle fait pour tenir ici et elle prend une gorgée. « Merci, je commençais à avoir soif. T’as pas apporté quelque chose à manger ? » Comme s’il lui arrivait de se nourrir, à Scatach. Et pourtant, son ton de voix est mesquin et la réalité se perd encore une fois.
(deux)
Il n’est pas réel; ou peut-être que c’est elle qui ne l’est pas. Sa voix lui semble être celle de quelqu’un d’autre, quelque chose cloche. Le tableau que l’on peint d’eux possède une tache pas du tout esthétique, mais elle ne sait pas comment la corriger. Ou peut-être que si, elle sait.

you look so misunderstood  

Son regard se pose dans son miroir parfait et elle hausse les épaules. « Non. » Elle veut sauter. Mais elle ne sauterait pas seule. Pas en étant observée. Elle ne bouge pas. Pendant quelques secondes qui semblent presque être une éternité. Elle se demande pourquoi il est là, maintenant, au même moment qu’elle. Elle ne se demande même pas qui il se trouve à être, elle ne se demande pas son prénom - elle s’en fout complètement. Elle se demande simplement pourquoi il ne sauterait pas avec elle.
Pourquoi il devrait avoir le choix de décider de vivre si elle, elle décidait de ne pas vivre ?
(trois)
« Tu viens. » Scatach, elle ne lui donne pas le temps de réagir quand elle se décide d’attraper sa main et de laisser ses pieds attraper le vide. Quand elle ferme les yeux avec la main de cet étranger fermement dans la sienne. Il voulait sauter. Elle voulait sauter. Alors, ils n’ont qu’à le faire, pas vrai ? Elle a fermé les yeux, elle a accueilli le vide.
Elle sait qu’elle aurait dû avoir peur. Qu’elle aurait dû craindre le sol et l’impact - elle aurait dû voir sa vie défiler devant ses yeux, mais elle est tellement vide et absente - elle est irréelle et elle se demande si son corps est seulement tangible. Est-ce que, vraiment, il y aura un impact ou elle le traversera, ce sol, jusqu’aux couches les plus inconnus de la terre ? Dans son centre. Il y a peut-être un trésor. Qui sait.
Elle veut simplement que la douleur s’efface, que son cerveau s’éteigne et que son coeur cesse de battre. Rien n’est jamais suffisant et elle ne veut plus être elle-même (elle ne sait même plus qui elle est) ; et lui, l’a-t-il déjà su ? Et lui, est-ce qu’il a peur ? Est-ce qu’il voit sa vie ? Elle se demande, cette fois.
Mais elle ne se demande rien de plus. Elle attend un impact qui ne vient jamais.


twostars 021

Dante Motisi-Smeraglia

15.05.21 17:43
Au fond, il est sans doute un peu persuadé d’halluciner. Il la regarde mais il ne la voit pas, il l’a déjà vue mais c’est une inconnue, elle existe et elle n’existe pas, il est vivant et il est déjà mort depuis bien longtemps. Elle n’est qu’un visage de plus qui existe peut être dans une réalité dans laquelle il ne fait que flotter ou peut être dans sa tête. Elle est peut être un fantôme, elle aussi, de ceux qu’il voit trop souvent et pourtant jamais vraiment. Il se force à cligner des yeux mais le paysage ne change pas, il ne change jamais. Cela fait bien longtemps qu’il ne fait plus la différence entre ce qu’il a devant son nez et ce qui se forme derrière ses pupilles. Cela fait bien longtemps qu’il ne se demande même plus si des gens le voient discuter avec quelqu’un ou parler face à un mur. Peut être que les drogues ont réellement détruit son cerveau, peut être qu’il est destiné à toujours voir ce qui n’est pas là et à ne jamais réaliser quand les choses et les gens le sont vraiment. Il n’y pense plus, lui. Il s’en fiche bien, de ce qui est réel, tant qu’il ne veut pas l’être.

Elle lui répond mais il est déjà redescendu, trop conscient que vivre avec des jambes cassées serait encore pire que vivre tout court, ou peut être encore trop accroché au semblant de vie qu’il peut encore vivre. Probablement pas. Rien n’est vraiment réfléchi, rien n’a vraiment de sens, rien n’a de véritable justification. Son corps et son cerveau agissent et lui suit le mouvement, et il relève la tête en pensant qu’elle va sauter pour pouvoir la suivre des yeux et observer l’ange aux cheveux roux éclaté en milles morceaux d’étoile sur le pavé, mais il n’y a que sa bouteille qui change de place pour se retrouver dans ses mains encore bien réelles, ou bien hallucinées. « Non mince, les chips sont restés en bas je crois. Si on les souhaite assez fort ils vont peut être apparaître. » Il est amusé, pourtant le sourire qui s’installe sur ses lèvres trouve son jumeau sur les lèvres de l’autre, et il a un peu envie de rire à cette idée.

Elle ne peut être qu’une hallucination. Quelque part, il entend quelqu’un lui dire qu’il n’y a personne comme lui, qu’il ne devrait pas réagir comme ça, qu’il ne devrait pas penser comme ça, qu’il ne devrait pas être comme ça. Que la vie, c’est important, et qu’on ne peut pas en avoir réellement rien à faire d’être vivant ou mort. Que plaisanter sur un saut ou l’envisager réellement, ce n’est pas une réaction normale. Que vivre dans un monde où la réalité n’est pas souhaitée et jamais vraiment claire, ce n’est pas une vie. Alors elle ne peut être qu’une projection de son cerveau, parce qu’elle lui ressemble trop, parce qu’il se voit dans le reflet de ses yeux, parce qu’il n’a jamais eu l’impression d’aussi bien comprendre une manière de sourire, parce qu’il voit qu’il ne met pas une seul once de surprise sur son visage en parlant, en agissant, en existant. Elle n’est pas réelle, ou aucun des deux ne l’est.

Il fait une petite moue quand elle refuse de sauter, mais il hausse les épaules et se contente de jouer avec sa cigarette. Tant pis, alors. Ce ne sera pas ce spectacle qui s’offrira à lui. Il peut attendre et regarder le ciel et peut être que quand il la cherchera du regard, il se rendra compte qu’il a toujours été seul sur ce toit, et alors ce sera sûrement à lui de sauter. Mais il sent une peau contre sa peau glacée, une peau qui lui semble tout aussi froide, si bien qu’il n’aurait jamais été sûr du contact s’il ne l’avait pas tiré en avant. Il n’est même pas réellement étonné, n’a même pas le temps de faire un bruit, tandis que son corps tombe en avant, tandis que le sol ou la rambarde ne sont plus dans le champ des atteignables, et s’il lui semble que son corps a voulu se rattraper, il sait qu’il ne lui en a jamais donné l’ordre. Il tombe avec elle, main dans la sienne, et il voit l’éclair de cheveux roux devant son visage plus que quoique ce soit d’autre.

L’adrénaline monte en flèche dans son corps tandis que la chute accélère, une demi-seconde pendant laquelle il lui semble qu’il a réellement les yeux ouverts. Un bout de son âme pense à tous ceux qu’il décevra, tous ceux qui pourtant se doutaient que ce jour arriverait, tous ceux qui ne seraient pas vraiment étonnés, un bout de son âme s’apprête à s’envoler vers Artemia pour s’excuser même si ça n’aurait aucun intérêt, mais pourtant, tout son être ne pense à rien de particulier. Il n’y a plus que la sensation de voler, la vie qui court dans ses veines plus rapidement qu’elle ne l’a fait jusqu’à maintenant, comme la fois où il a voulu se brûler avec sa maison, comme la première overdose, et toutes celles qui ont suivies. La mort lui fait un clin d’œil et il a envie de courir vers elle et de se jeter dans ses bras, mais surtout, il a envie de lui dire qu’il a réussi, qu’il y a une main dans la sienne, qu’elle est sans doute artificielle, qu’elle est sans doute imaginée, mais qu’il ne la lâche pas, qu’elle ne le lâche pas, et qu’il n’est plus seul, cette fois. Pourtant, la mort disparaît quand son corps rencontre ce qui aurait dû être le sol.

Il se renvole, mais moins haut, moins vite, et l’adrénaline fait battre son cœur dans son crâne tandis que sa main se serre sur sa jumelle. Quand il tourne la tête vers elle, il comprend que ce qu’ils ne cessent de rencontrer n’est pas le sol, mais bel et bien un trampoline, et qu’ils ne s’envolent que pour retomber de plus belle. L’idée est si absurde, si enfantine, si mal menée et mal aboutie qu’il explose de rire dès qu’il comprend. Le monde doit vraiment lui en vouloir, pour ne jamais le laisser faire, pour utiliser un élément aussi cliché et prévisible que le trampoline pour amortir sa chute, pour tourner au ridicule ce qui aurait dû être dramatique, sublime, tragique. Il laisse son corps tomber et repartir dans les airs, de moins en moins haut, de moins en moins fort, et Dante, il rit, il rit à en cracher ses poumons, il rit à en pleurer, tandis que l’adrénaline fait pulser ses veines tout en mourant doucement, tandis que tout son corps se détend et se contracte, tandis que les effets de la drogue et de l’alcool semblent n’avoir jamais été si forts alors même qu’ils se dissipent à cause du choc. « Alors ça … ça c’est ce qu’on appelle … rater son coup … » Il a du mal à mettre des mots sur son hilarité, il a du mal à revenir sur terre, et quelque part, il aimerait bien ne jamais le faire, parce qu’en cet instant, il n’a pas l’impression d’être triste, pas l’impression d’être mort, pas l’impression d’être gelé. Il a juste l’impression de cette main dans la sienne.

Pourtant les corps finissent simplement assis sur le sol du trampoline, et son rire finit par se calmer, même s’il reste logé confortablement entre ses côtes, à bercer les restes d’adrénaline qui le quittent doucement en laissant un goût sucré sur sa langue. « Oh merde … On est vraiment très très mauvais, je crois. » C’est amuse, amusant, et il tourne la tête vers sa compagne d’infortune en s’attendant presque à ce qu’elle est déjà disparue. Pourtant elle est toujours là, alors il se penche vers elle pour l’embrasser en riant, en se disant qu’elle est relativement tangible, pour une hallucination, et que peut être que finalement, elle est bien réelle, alors. « Merci pour l’effort, je suppose. » Il a envie de tirer sa main pour repartir sur le toit et recommencer, mais il sait que ce ne serait plus pareil, que le feu ne serait pas le même en sachant que quelque chose les retiendra, que la vie n’est venue dans ses veines que parce qu’il avait revu la mort. Alors il faut la laisser repartir, sans doute, mais pas sans profiter de ces quelques minutes.

Il se laisse retomber en arrière, allongé, et regarde les étoiles. Il lâche la main, enfin, même s’il ne lui semble pas qu’il y ait de réelle différence, maintenant. Le sol les ancre. « On a perdu la bouteille, c’est malin. » Mais ils n’ont pas encore besoin d’alcool pour voler, et il tend la main vers le ciel pour essayer d’attraper les étoiles, mais du coup il ne voit plus que sa main. « T’es froide. T’es un fantôme, dis ? » Peut être qu’elle lui dira la vérité. Peut être que ça ne sert à rien de demander. Si elle est lui, elle ne peut qu’en être un. Mais si elle est elle, alors pourquoi sauter quand on est déjà morte ?
(c) AMIANTE
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Elpis

30.06.21 21:20

Elpis

i see you
Elpis a tout vu. Elpis a déchiffré les regards prêts à en finir des deux insouciants. Elpis n'est pas là pour juger, seulement, elle préfère lorsqu'elle est seule maîtresse du destin des habitants de Palerme. Elle n'apprécie pas que les humains puissent décider de leur sort à ce point. Elle est cependant clémente aujourd'hui, un avertissement suffira. Alors que Dante et Scatach s'allongent confortablement sur le trampoline, ce dernier se déchire sous la force de l'impact qu'il vient de subir et les deux corps tombent à nouveau sur le sol. La chute n'est pas haute, en revanche, en dessous se trouvaient un tas d'orties. Aïe.
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