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Dum Spiro, Spero
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once upon a coffee shop au | cuperiaDum Spiro, Spero :: Time and universe :: Flashbacks

Esperia Borgia

09.05.21 22:54


once upon a coffee shop au

cupio & esperia

You'll need coffee shops and sunsets and road trips. Airplanes and passports and new songs and old songs, but people more than anything else. You will need other people and you will need to be that other person to someone else, a living breathing screaming invitation to believe better things.

Un sourcil parfaitement épilé arqué vers le ciel, une moue déçue imprimée sur le visage, Esperia contemple une large tâche brune qui s'étale sur le sol, juste devant ses bottines de cuir retourné. Ce café sentait trop bon pour être vrai. Elle en avait bien besoin, pourtant, alors qu'elle avait dû se lever deux heures plus tôt que d'habitude pour emmener Pia à l'aéroport pour son voyage scolaire et qu'il lui semblait qu'elle n'allait pas pouvoir tenir jusqu'à l'après-midi sans un bon encouragement. Elle sentait déjà la peau sous ses yeux se creuser en une cerne violacée et sa chair se dessécher pour la transformer en squelette ridé et parcheminé d'épuisement. Voilà qu'elle a ruiné toutes ses chances de survivre jusqu'au soir.

Avec un soupir plus las qu'agacé, elle se penche en avant pour ramasser le gobelet de carton qui a roulé un peu plus loin, imbibé désormais de café et de la poussière qui décorait le sol de la rue. Les passants doivent la dévisager ; elle n'en a cure, jusqu'à ce que son foulard ne glisse de ses épaules pour tomber dans la flaque. Hinhinhin, bien joué Esperia ! Elle le portait pour protéger sa peau trop pâle du soleil italien, auquel elle ne s'est jamais vraiment habituée bien qu'elle soit née juste en dessous, mais le voilà à la fois trempé et brunâtre. Même la voix dans sa tête se moque d'elle. Elle ne peut réprimer un sourire alors qu'elle s'imagine d'un point de vue extérieur, éparpillée sur le pavé et cumulant les échecs sous les yeux ébahis des badauds. Quel spectacle.

Quand elle se relève, elle a le gobelet en main et le foulard tenu à une longueur de bras de peur de continuer à tâcher tous ses vêtements. Elle n'est pas sûre d'arriver à récupérer le morceau de tissu, il est sûrement perdu pour toujours. Jette le, alors. Elle l'aime bien, pourtant. Elle va le garder, essayer de le sauver au moins. Elle l'égoutte tristement, regarde quelques larmes brunes glisser jusqu'au sol et l'enroule sur lui-même pour le fourrer dans son sac, se résignant à laisser la tâche s'agrandir tant qu'elle ne gagne pas le reste autour.

Deux problèmes lui font face désormais. Le premier, c'est qu'elle n'a plus de café. Ca, c'est un sacré problème. Elle se sent somnoler et la journée est loin d'être terminée. Le deuxième, c'est qu'elle n'a plus rien pour protéger ses épaules blanches du soleil et qu'il est bientôt midi, c'est-à-dire l'heure à laquelle les rayons de celui-ci sont les plus traitres. Elle pourrait rentrer chez elle en catastrophe, s'installer à l'ombre d'un arbre dans le jardin et siroter quelque chose jusqu'à s'endormir une petite demie heure, pas plus, juste le temps de récupérer un peu avant d'attaquer la suite de la journée ; mais elle a des choses à faire en ville, encore, jusqu'à la fin de l'après-midi. Elle a des réunions, des rendez-vous, et vraiment peu envie de faire un aller-retour jusque chez elle en banlieue de la ville pour se reposer avant de revenir exactement là où elle se trouve.

Alors il faut trouver un café ; ou retourner sur ses pas, remonter la rue pour entrer à nouveau dans celui qu'elle vient de quitter, avec la honte sur les épaules, et commander exactement la même chose sous les yeux moqueurs du barista. Un regard en arrière lui confirme qu'elle a à peine fait trois pas en dehors du coffee shop avant de précipiter la mort de sa boisson. Ce serait stupide d'errer en plein soleil jusqu'à trouver une autre enseigne. Elle n'a qu'à y retourner. S'y asseoir une petite heure, même, le temps de travailler ou de lire un peu, si elle a le temps avant sa réunion. Ils vont se moquer de toi. Tant pis. Avec un haussement d'épaules, elle fait demi-tour et pousse pour la seconde fois de la journée la porte du coffee-shop, étonnamment peu fréquenté à cette heure-là de la journée.  
(c) fadet

Cupio L. Ponti

09.05.21 23:49
Il a l’impression que d’une seconde à l’autre, sa vie pourtant normale est devenue un film, certes de mauvaise qualité, mais un film tout de même, alors que la porte du coffee shop s’ouvrait et que lui était censé être en pause mais qu’on l’avait poussé vers le comptoir en faisant fi de ses protestations. Il avait été outré, d’abord, prêt à brandir un code du travail ou à prouver par A + B qu’il avait déjà travaillé pendant six heures d’affilée et qu’il avait besoin d’au moins manger du sucre s’ils ne voulaient pas se retrouver avec un cadavre sur les bras, mais il avait vite oublié sa tirade en relevant le regard de la caisse. Mécaniquement, il avait lancé un « Bonjour, si vous voulez bien attendre deux minutes de plus quelqu’un va s’occuper de votre comm… » avant de s’arrêter en plein mot devant le spectacle qui s’offrait à lui. A bien y repenser, avec le soleil qui tapait directement derrière elle et ses cheveux blonds qui brillaient un peu, c’était sans aucun doute une mauvaise mise en scène du destin ou de quelque chose d’autre, mais il avait toujours su reconnaître les signes, alors il était resté en place et il s’était rapidement corrigé. « Qu’est ce que je vous sers ? » Elle avait pris un café tout ce qu’il y a de plus classique, mais il ne lui en avait pas voulu.

Il s’en veut, finalement, de ne pas avoir réellement saisi sa chance. Ca ne lui ressemble pas, de la laisser passer comme ça, de rester bouche bée et de simplement faire son travail mécaniquement. Il l’avait regardée partir comme le dernier des imbéciles, et par conséquent elle l’avait à peine regardé avant de dire merci. Il aurait dû dire quelque chose. Il aurait dû faire quelque chose. Il sentait, au fond de lui, qu’il avait probablement raté une aventure extraordinaire, qu’ils auraient pu déplacer des montagnes ensemble, qu’une force supérieure l’avait entraînée dans ce coffee shop à ce moment précis et l’avait empêché lui de prendre sa pause avant qu’elle ne puisse croiser son regard. Et lui, il l’avait laissée repartir alors que ses yeux étaient incapables de se poser sur autre chose qu’elle.

C’est alors qu’il s’est laissé choir contre la machine à café derrière lui en se traitant d’imbécile pour la huitième fois, cette fois à voix haute et en s’attirant des regards inquiets d’une moitié de la clientèle et surtout de son supérieur occupé à remplir les commandes de la journée, que le carillon de la porte se fait entendre de nouveau et qu’elle revient, une moue dépitée sur le visage. Pendant une seconde, elle est devant le comptoir à attendre, et lui reste planté à la dévisager sans parler. C’est le moment que choisit Gontrand pour tousser en le fusillant du regard, et il cligne des yeux plusieurs fois avant de reprendre sa place derrière le comptoir. « Ca va, ça vaaaaa ! » C’était plus pour Gontrand qu’autre chose, mais ça a le mérite de faire relever les yeux de la cliente, et sans pouvoir s’en empêcher, il sourit. Elle est revenue. A en croire son air désespéré, elle a laissé tomber son café, et se voit donc contrainte d’en prendre un autre, même s’il aurait peut être préféré qu’elle revienne juste pour lui.

« Rebonjour. Je vous ai manqué, c’est ça ? » Son sourire devient plus discret mais ses yeux rient à sa place, et il lui demande si elle veut la même chose avant qu’elle ne soit mal à l’aise, pour éviter de ruiner ses chances de pouvoir lui parler. « Allez vous asseoir je vous l’emmène, vous devez en avoir un peu marre. » Gontrand continue de guetter, et il a sans doute compris que quelque chose se tramait, mais Cupio s’en fiche relativement beaucoup, et tandis qu’il prépare le même café, il espère que le destin va rester de son côté au moins jusqu’à ce qu’il lui dise qu’elle a fait de cette journée une journée magique. Ou quelque chose dans le genre, au moins.

Il n’a même pas pensé à poser son tablier ou sortir de son uniforme, mais après tout, il n’a qu’un temps limité de pause, et pas une seconde à perdre. Quand il dépose le café sur la table d’Esperia, il sait qu’il devrait demander sa permission avant de lui tenir compagnie, il sait qu’elle est sans doute restée uniquement par politesse, il sait qu’il pousse peut être déjà le bouchon trop loin, mais ça ne l’empêche pas de s’asseoir en face d’elle avec un deuxième café en main qu’il a préparé spécialement pour lui. « C’est un cadeau de la maison, on fait une offre d’un acheté le deuxième offert quand le client fait tomber le premier sur le pas de la porte. » Il gigote un peu sur sa chaise avant de s’installer en tailleur et attrape un sucre pour le vider entièrement dans son trop petit café. Il a besoin de sommeil, mais il n’est sûrement pas le seul. « Alors, dure journée ? » Au pire des cas, elle sortira sans lui répondre, et peut être qu’il lui courra après.
(c) AMIANTE

Esperia Borgia

13.05.21 23:05


once upon a coffee shop au

cupio & esperia

You'll need coffee shops and sunsets and road trips. Airplanes and passports and new songs and old songs, but people more than anything else. You will need other people and you will need to be that other person to someone else, a living breathing screaming invitation to believe better things.

Elle a encore l'espoir qu'on ne la reconnaisse pas alors qu'elle pousse la porte du petit café. Elle se dit qu'il y aura sûrement un peu de monde, un peu d'agitation, une foule telle devant elle à faire la queue qu'elle passera complètement inaperçu et que personne ne remarquera qu'elle est venue il y a dix minutes. Le silence qui règne dans la pièce la frappe alors qu'elle priait encore pour y rencontrer du bruit. Eh non ! Eh non. Il y a encore moins de monde qu'il y a dix minutes — enfin, avec elle dans la pièce, ça fait déjà une personne. Elle lâche un petit soupir et tente de reprendre contenance. Ce serait sûrement pire de faire demi-tour maintenant. Au moins le comptoir est-il vide, lui laissant le maigre espoir de ne pas recroiser le barista de tout à l'heure. Elle se rappelle assez peu de lui, de son sourire seulement qui avait éclairé la pièce avec une demi-lune digne d'un acteur hollywoodien.

Elle a souvent l'air plus sûre d'elle qu'elle ne l'est, Esperia. Elle a appris les manies et les mimiques des grandes femmes en les côtoyant plus qu'elle n'est née avec elles. Ca n'a jamais été évident. Ca n'a jamais été une seconde nature. Elle joue l'assurance avec une certaine virtuosité conférée par les années et l'expérience ; elle ne s'est jamais débarrassée de la boule qui se forme dans son ventre devant l'inconnu, ni des palpitations désagréables de sa poitrine lorsqu'elle se retrouve dans une situation inhabituelle. Elle prétend seulement avoir le monde pour zone de confort dans le but de cacher qu'au fond d'elle-même, elle est encore une jeune fille perdue.

Elle n'y coupe pas cette fois non plus. Alors que commander un café est devenu un geste parfaitement anodin, revenir en chercher un immédiatement après être sortie témoigne d'une certaine maladresse avec laquelle elle n'est pas tellement à l'aise. Elle sent le rouge lui monter aux joues alors qu'elle se rapproche du comptoir, espérant presque que personne ne viendra et qu'elle devra quitter les lieux les mains vides mais sans avoir croisé personne. C'est ridicule. Tiens toi droite. La voix claque dans son esprit et elle retient un grognement agacé. Redresse ses épaules. Elle était déjà droite. Elle est toujours droite. Elle joue son rôle à la perfection, merci bien. Cette intervention servirait presque à la distraire alors que le même jeune homme sort de la réserve en souriant toujours et qu'elle oublie pour une demie seconde d'avoir honte.

Il ne la met pas mal à l'aise, pourtant. Au contraire, même ; elle doit admirer son professionnalisme qui fait sourire ses yeux sans moquerie et lui demande si elle veut la même chose qu'il y a cinq minutes comme s'il s'en rappelait.

« Oui, un triple espresso s'il-vous-plaît. »

D'habitude, elle demande un double espresso avec un peu de lait végétal dedans — est-ce que c'est ce qu'elle a commandé tout à l'heure ? —, mais perturbée elle retombe dans les habitudes qu'elle avait quand Cosimo était toujours là et qu'il la raillait à chaque fois qu'elle prenait autre chose qu'un espresso. Un vrai italien boit son café noir, comme il disait ; et elle, fatiguée de batailler et épuisée d'anxiété, soupirait et commandait le plus grand café qu'elle pouvait avoir dans l'espoir de survivre à la journée. Elle regrettera sûrement ce choix spontané, mais le haussement de sourcils qu'il cause chez le serveur lui tire tout de même un sourire en coin. Elle peut encore être surprenante, même à son âge.

Elle va ainsi s'asseoir à une table vide après avoir remercié le jeune homme qui se montre décidément très arrangeant, choisissant la banquette qui lui semble en meilleur état, et tire de son sac à main la tablette dans laquelle elle tient compte de tous ses rendez-vous. Elle a à peine le temps de la déverrouiller pour jeter un œil à son emploi du temps qu'elle sursaute. Le serveur est déjà là, et non content de déposer son café sur la table il s'assoit en face d'elle. Elle hausse les yeux vers lui, surprise, un sourire incertain sur le visage.

Il n'y a rien d'incertain chez le serveur, toujours vêtu de son tablier de travail et apparemment ravi de s'installer avec elle. Il arbore un sourire radieux qui lui va jusqu'aux yeux et qui se trouve être contagieux puisqu'elle ne peut s'empêcher de le lui rendre. Elle n'est pas une grande amatrice de surprises ni d'imprévus, mais celui-là ne l'agace pas autant qu'il l'aurait dû.

« Merci pour le café ; vous n'allez pas avoir de problèmes j'espère ? »

Il doit avoir une vingtaine d'années, pas beaucoup plus, et elle ne peut pas s'empêcher de penser que s'il travaille ici c'est certainement parce qu'il en a besoin et non par plaisir. Elle se sentirait coupable de savoir que sa maladresse aurait engendré son licenciement pour excès de gentillesse. Lui n'a pas l'air plus inquiet que ça, alors qu'il coupe son café avec une dosette de sucre, ou peut-être qu'il coupe son sucre avec un peu de café, à ce stade ; elle prend une gorgée de son triple espresso, retient une grimace alors que l'amertume la heurte sans que le lait ne vienne l'adoucir. Un vrai italien boit son café noir.

« Pas si dure que cela jusqu'à il y a cinq minutes pour être honnête, mais elle est loin d'être terminée ... ! »

Pas très optimiste de nature, ou d'habitude, peut-être, Esperia préfère s'attendre au mauvais pour être surprise par le bon plutôt que d'espérer le bon et être blessée par le mauvais. Ses parents avaient sûrement souhaité l'inverse en la nommant, mais la vie lui a suggéré les choses ainsi. Un café renversé n'est pas annonciateur d'une journée de catastrophes, mais d'autres catastrophes peuvent bien encore lui tomber sur le coin de la joue d'ici à ce qu'elle enfile sa robe de chambre.

« Vous travaillez ici depuis longtemps ? »

Et en bonne femme de la haute la voilà qui détourne l'attention d'elle-même et feint une aisance imaginaire alors que la situation n'a rien d'habituel, rien de sensé, et qu'elle peut encore se changer en bonne comme en mauvaise surprise. Elle a toujours bien joué la comédie.
(c) fadet

Cupio L. Ponti

14.05.21 0:07
Il y a un problème avec sa commande, et un problème avec sa manière de se comporter en général, mais il ne sait pas vraiment ce que c’est et il n’a jamais été du genre à essayer de deviner, alors il n’en tient pas compte et attend simplement que l’information lui arrive naturellement. En attendant, il se lance dans ce nouvel intérêt, dans cette personne magnifique qui a réveillé sa curiosité, dans ce mystère à résoudre. Il ne pensait pourtant pas réussir à faire quelque chose d’intéressant aujourd’hui, était déjà un peu agacé à l’idée de ne rien avoir à faire de particulier après le travail, mais elle est venue comme un signe du ciel, et ça, ça change tout.

Quand il s’assoit en face d’elle, il devrait se douter que ce n’est pas quelque chose qu’il est censé faire. Elle a l’air plus surprise qu’agacée, et c’est tout ce qu’il attendait de la situation, mais une petite voix moralisatrice à l’arrière de sa tête lui dit qu’elle a sans doute bien mieux à faire que de discuter avec le barista et qu’elle doit vouloir travailler. Cette voix est d’ailleurs sans doute celle de Gontrand, qui, à en croire le coup d’œil en arrière, est en train de se liquéfier derrière le comptoir en le voyant faire. Tant pis. Un problème pour plus tard. « Oh non pas du tout, je suis en pause. » Il répond à côté de la question, mais il n’a pas bien compris ce qu’elle voulait dire, alors ce n’est pas très grave.

Elle boit une gorgée de son café et il tique de nouveau. Quand elle lui répond, il rit un peu mais il ne renchérit pas tout de suite, trop occupé à la regarder, à essayer de voir si le problème est censé être évident, s’il rate une information importante, s’il a bien pensé à regarder son visage, ses yeux, son sourire, discret mais bien présent. Quand elle lui pose une question, il est encore occupé à analyser les mèches de ses cheveux en essayant d’en définir la teinte exacte, comme si un secret pouvait se trouver là-dedans, et il ne répond pas tout de suite. Quand il réalise enfin qu’elle attend sa réponse, il rit un peu et remet son regard dans le sien. « Oh, non. J’ai commencé il y a euh … deux semaines ? Je crois ? J’ai l’impression que ça fait huit ans déjà. Vous travaillez vers ici, vous ? Je ne crois pas vous avoir déjà vue. » Il est certain de ne l’avoir jamais vue avant, certain qu’il n’aurait jamais pu l’oublier, certain qu’il en aurait rêvé toutes les nuits, certain qu’elle aurait hanté sa vie s’il l’avait croisée et qu’elle avait disparu. Mais quelqu’un lui a dit un jour qu’il devait éviter de dire ce genre de choses, alors il se mordille la lèvre pour s’en empêcher. Il ne veut pas faire quelque chose de travers. Il ne veut pas rater sa chance. Il ne veut pas qu'elle s'en aille. Quelque part, il a le sentiment d'être un peu intimidé par cette femme si sûre d'elle, au moins en apparence, si élégante, si féerique. Il n'est pas habitué à être intimidé. Il apprécie le sentiment.

Il la laisse répondre et écoute avant de boire son café d’une traite. Il a compris ce qui n’allait pas. C’est dans ses yeux et dans sa manière de tenir son café. Il n’y a pas d’amour, pas de satisfaction, pas de passion. Le goût du sucre sur sa propre langue lui donnant encore envie de sourire, il y a forcément quelque chose qui cloche. « Une minute. » Il se relève et file comme le vent derrière le comptoir, fouillant les placards en ignorant le regard inquisiteur de Gontrand. Enfin, il trouve ce qu’il cherchait, et prépare un autre café, aussi grand, avec autant de caféine, mais en rajoutant deux ou trois ingrédients pour cacher un peu l’amertume, adoucir un peu les choses, rajouter un petit morceau de fantaisie à la boisson. Il y passe finalement cinq bonnes minutes, s’arrêtant de temps en temps pour regarder la tasse d’un air perplexe avant d’y ajouter quelque chose, jusqu’à avoir le sentiment d’avoir réussi à trouver ce qu’il fallait. Alors il revient vers elle avec et lui prend les restes de son triple espresso des mains pour poser l’autre tasse à la place. « Essayez ça plutôt. » Il s’est déjà rassis, et ajoute trois sucres dans le café abandonné pour le boire à sa place.

« Vous comptiez travailler peut être ? Je me suis invité tout seul parce que vous aviez l’air d’avoir besoin de respirer un peu et que je voulais parler avec vous mais si vous voulez je peux partir, hein. De toute façon ma pause aura bien une fin donc même si vous n’osez pas je ne vais pas vous harceler trop longtemps. » Il a envie de sourire, encore, et il n’arrive pas à la quitter des yeux bien longtemps. Il se demande pendant une seconde s’il devrait le lui dire, et recommence à mordiller sa lèvre. Ca ne marchera pas bien longtemps. La retenue n’a jamais été son fort. « Vous faites quoi dans la vie ? » Il ne lui a pas laissé le temps de lui dire qu’elle voulait être seule. Il aurait sans doute du.
(c) AMIANTE

Esperia Borgia

02.06.21 0:13


once upon a coffee shop au

cupio & esperia

You'll need coffee shops and sunsets and road trips. Airplanes and passports and new songs and old songs, but people more than anything else. You will need other people and you will need to be that other person to someone else, a living breathing screaming invitation to believe better things.

Au cours des années qu'elle a passées à fréquenter la haute société, Esperia a pris l'habitude de n'être qu'un pantin, une poupée exhibée au bras de son époux et seulement là pour relancer une conversation mourante, adresser un sourire charmant mais pas charmeur à un futur partenaire commercial, ou faire tourner entre ses doigts une flûte de champagne en cristal qui devrait être la seule de sa soirée. Loin d'être vraiment l'épouse, elle était surtout l'outil de Cosimo, un joli outil brillant et efficace destiné à le faire paraître pour meilleur que ce qu'il n'était. Depuis quand n'a-t-elle pas eu de discussion avec quelqu'un ? Ou plutôt, depuis quand quelqu'un ne s'est-il pas intéressé à elle pour elle et non pour ce qu'elle pourrait lui apporter ?

Le jeune barista lui donne cette impression-là, avec son jeune visage et son sourire infini. Alors qu'elle s'applique à diriger la conversation vers lui comme elle en a pris l'habitude confortable, il semble toujours retourner à elle avec une pirouette élégante ou une question franche. Esperia se sent de plus en plus flattée par l'attention qu'il lui porte, bien que la différence d'âge la laisse un peu confuse. Sûrement a-t-il mieux à faire que de s'intéresser à une femme qui pourrait presque être sa mère ; et pourtant. Le voilà qui lui accorde du temps sur sa pause, et bien plus encore ; qui lui prépare un café tout particulier à ses frais sans qu'elle ne sache quoi faire d'autre que de le remercier à nouveau. Elle lui apprend qu'elle dirige une poignée d'entreprises, reste volontairement évasive sur le sujet. Tu ne veux pas parler de Cosimo, Esperia ? Non, elle ne veut pas parler de lui. Ce sont ses entreprises, maintenant. Elle serre la mâchoire, dérangée par la voix intrusive, se force à se détendre devant une autre remarque du jeune homme. Il a un don pour la mettre à l'aise, apparemment - elle ne voudrait pas gâcher cela en ayant l'air étrange ou complètement folle.

« Je n'avais pas vraiment de travail, ne vous inquiétez pas. Quelques comptes-rendus à relire avant une réunion, mais je le ferai dans le métro. »

Elle lui sourit d'un air rassurant, se fustige immédiatement en se disant qu'elle a sûrement pris le sourire qu'elle utilise pour rassurer sa fille et pas celui qu'elle devrait utiliser pour faire du charme à un beau serveur. T'as perdu l'habitude de draguer, Esperia ... Sûrement parce que tu es mariée ! Elle a perdu l'habitude, ça c'est sûr. Voilà des années qu'elle n'a pas eu d'échange romantique spontané. Elle ne sait plus comment cela fonctionne. Le serveur, lui, a l'air de savoir mener la danse. Elle décide de le laisser choisir la musique et de le suivre en feignant d'être sûre d'elle. Ca, elle sait le faire.

Il mène la discussion d'une main de maître, et il semble à Esperia qu'elle n'a jamais autant apprécié le small-talk jusqu'à cette fois-ci. Ils échangent des banalités, se présentent, parlent un peu d'eux et bientôt son téléphone vibre dans sa poche pour lui signaler que la réunion approche.

« Oh, je vais devoir y aller ! ... votre pause était très longue ...? »

Voilà près d'une quarantaine de minutes qu'ils discutent, et derrière le comptoir le second barista semble agacé. Comment le temps a-t-il pu filer à ce point ? Esperia en est toute déboussolée, et se sent rougir pour la première fois sous les yeux du jeune homme. Elle réunit ses affaires, tentant de dissimuler sa gêne. Elle n'a pas de raison d'être gênée, pourtant ; elle n'a rien fait de mal. Elle a bien le droit de discuter avec un homme charmant si elle le souhaite. Cosimo n'est plus là et elle est libre de ses actions. Elle ne s'était seulement vraiment pas attendue à se faire avoir par le charme du premier venu ainsi, qui plus est alors que celui-ci a vingt ans de moins qu'elle ...

Elle se lève à la hâte, sans savoir si elle craint d'être en retard à sa réunion ou si elle veut échapper à la voix chaude et confortable du jeune homme.

« Merci encore pour le café, il était parfait. »

Esperia sourit, se dirige vers la porte. Tu vas le laisser comme ça ? Pour une fois qu'il t'arrive quelque chose de bien ... Cosimo aussi avait l'air d'être quelque chose de bien. Il a vingt ans Esperia. Quel mal veux-tu qu'il te fasse ? Il est trop jeune. Personne ne te parle de mariage. Elle se retourne presque brusquement, manque de perdre l'équilibre.

« A quelle heure est-ce que vous fermez ? »

Peut-être qu'elle pourrait repasser à la fermeture, prendre un autre café. Et s'il se trouve qu'il est toujours là, eh bien ... Elle avisera. A l'arrière de sa tête, une voix réprime un rire narquois.
(c) fadet

Cupio L. Ponti

17.06.21 22:41
Il ne réalise pas à quel point elle pèse cette conversation, à quel point elle cherche son rôle, à quel point elle la soupçonne. Tous ses mots sortent de sa bouche avant même qu’il n’ait réellement pu y réfléchir, lui, et il n’est pas certain de dire des choses très intéressantes, mais il ne voit qu’elle alors il n’a pas envie de vraiment peser le pour et le contre de chaque signification. Il entend qu’elle dirige une poignée d’entreprises et il se dit qu’elle doit être riche, mais il a déjà oublié ça quand il s’inquiète faussement de peut être être en train de la déranger. Elle ne l’a pas encore rejeté, alors elle ne le fera sans doute pas. Il ne se demande pas vraiment si elle réalise qu’il la drague, tant cela lui semble évident, tant il avale clairement ses paroles et tant ses yeux brillent de milles étoiles juste parce qu’ils sont fixés sur elle. Esperia. Ils échangent leurs noms à un moment, entre deux anecdotes, et il ne peut pas s’empêcher de se dire que ça lui va drôlement bien, comme prénom, Esperia. Des œuvres entières se forment dans sa tête mais il les ignore. Elles reviendront plus tard, si elles en valent vraiment la peine. Le moment se doit d’être vécu.

Le sourire l’a fait tiquer un peu, puis rire. Elle ne doit pas être très à l’aise. Peut être qu’elle est timide. Peut être qu’elle n’est pas habituée à draguer. Peut être qu’elle est intimidée. Toutes les raisons possibles lui passent par la tête, sauf peut être la plus évidente. La différence d’âge ne l’a pas frappé, et elle aurait sans doute dû. Elle le fera plus tard, peut être. Quand il réalisera qu’il est sans doute idiot de la voir comme la mère de ses futurs enfants. Ou enceinte, en tout cas. Heureusement, il ne l’a pas fait très longtemps, alors il n’aura pas le temps d’être trop déçu. « Oh oui. Très longue. » Sa pause n’était pas censée être longue. Il entend encore son patron insister sur les dix minutes maximum, et c’est sans doute son intention alors qu’il sent son regard brûler son dos. Il ne se retournera pas vers lui tant qu’Esperia sera dans les lieux, tant qu’il lui restera un tout petit espoir de l’épouser dans quelques mois.

Elle rougit, et lui retient un rire et se contente de lui offrir un dernier sourire en se relevant. On dirait une lycéenne, presque. Il a envie de lui demander son numéro, de lui demander de revenir, de savoir s’il peut la rejoindre plus tard, s’il peut l’accompagner, où elle vit, s’ils peuvent se revoir. Il ne fait rien, pourtant. Il a au moins appris cela. Il sourit et il recule d’un pas pour la laisser passer devant lui, pour la regarder se tourner vers la sortie comme si elle voulait le fuir. Il lui laisse le choix de se retourner, de faire un pas en sa direction comme lui a pu en faire un. Il lui laisse le choix de continuer cette aventure. Son sourire s’estompe un peu alors qu’elle part trop loin pour compter faire demi-tour, mais c’est le jeu, et peut être qu’il la recroisera, quelque part. Pourtant, alors qu’il allait aussi se retourner, il recroise son regard.

« Dix-huit heures. » Ils ferment à dix-neuf heures. Il s’est trompé bêtement, mais il n’en a pas grand-chose à faire. Son cœur bat à cent à l’heure et ses mains deviennent un peu moites. Lui aussi devient un adolescent. C’est plutôt habituel. « Je serai là. » C’est sans doute ce qu’elle voulait dire, après tout, n’est ce pas ? Sans doute. Il lui fait un dernier sourire et la regarde partir. Quand il revient derrière le comptoir, son responsable n’est pas ravi. C’est la deuxième strike, il dit. A la troisième, c’est dehors, il dit. Entre deux cafés, il envoie un message à Bellum. Je vais pas pouvoir payer le loyer, cache les cachetons avant que Fames comprenne où l’argent est parti stp. Ce sera un problème pour un autre jour. Le jour du loyer. Ce soir, il a un date avec Esperia.

Le temps passe affreusement lentement, mais enfin, alors que ses yeux sont plantés sur l’aiguille des minutes, six heures sonne. Aussitôt, il voit des cheveux blonds et une démarche assurée, une silhouette qu’il pense déjà être capable de reconnaître entre mille, et il détache rapidement son tablier pour le poser derrière lui en quittant son poste. Son responsable revient, alerté par le bruit qu’il fait et le client laisse en plan devant la caisse, mais il a à peine le temps de dire « qu’est ce que tu fous encore Cupio » que ledit Cupio ouvre la porte pour sortir. « J’ai un date salut ! » Trois, il dit, Gontrand, mais la passion s’est envolée sans regarder en arrière, comme d’habitude.

« Mince vous venez de rater la fin de l’accueil des clients, je suis désolé. Je vous ai quand même fait un café. » Il lui tend une tasse de la même boisson, et en profite pour se mettre à côté d’elle en jetant un coup d’œil exagéré aux alentours. « Vous êtes venue jusqu’ici toute seule en métro ? Ce n’est pas très prudent. Il commence déjà à faire nuit. » Le soleil brille encore un peu, et il n’a jamais été vraiment de ceux qui voient le mal partout de toute façon, mais l’excuse est trop facile pour ne pas être prise. « Je vous raccompagne ? » Son sourire est plus espiègle, et ses yeux brillent un peu plus. Il n’a jamais été très doué pour prendre son temps, de toute façon. Il n’a jamais été très doué pour ne pas se laisser consumer et espérer que l’autre se consume aussi.
(c) AMIANTE

Elpis

30.06.21 21:21

Elpis

i see you

Il y a une flaque qui s'accroche encore au bitume, témoin des quelques pluies des jours passés, juste à côté d'Esperia et de Cupio. Une seule flaque. Au loin, une voiture imposante se rapproche doucement d'eux. Une seule voiture. Ce ne serait vraiment pas de chance qu'elle roule dans la flaque. Pourtant, c'est exactement ce qu'il se passe, l'eau un peu boueuse venant éclabousser la belle Esperia et tâcher encore une fois ses vêtements. Ce n'est vraiment pas de chance.  
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