one | J’ignore totalement qui est ma mère, même jusqu’à son nom. À sa demande, ma tante, qui est la soeur de ma mère biologique, ne me l’a jamais révélé, mais m’a élevé comme si j’étais son propre garçon. Elle ne s’est pas résolue à me donner en adoption malgré la demande de mon oncle. Je lui serai éternellement reconnaissant de la chance qu’elle m’a donné dans la vie et c’est sans doute celle pour qui j’ai le plus de considération dans ma famille. Ma mère biologique, c’est seulement un abandon pur et simple. Je ne sais pas à quoi elle ressemble, seulement que je lui ressemble quand même beaucoup. Ma tante n’a cessé de me dire que c’était pour mon bien qu’elle avait demandé à ce qu’elle s’occupe de moi, moi je crois que c’est beaucoup par lacheté… m’enfin… son choix au final.
two | Mon oncle est sans doute la personne que je déteste le plus en ce bas monde. Cet homme froid, hautain et limite méchant envers ma personne. Il me traite différemment de mon cousin et ma cousine, alors que sa femme m’a adopté pour faire parti des leurs. Pourquoi? Je n’en ai eu aucune idée jusqu’à mes dix-huit ans, mais avec moi, la vis est tenue serrée, même encore aujourd’hui. Je suis la mauvaise influence qu’il dit, celui qui crée le désordre dans sa famille, dans sa vie qui est supposément si bien ordonnée. C’est sans doute pourquoi je me fais un malin plaisir à lui donner raison depuis ma plus tendre enfance. Je m’y applique comme je me suis rarement appliqué à ce point partout ailleurs. Je suis son plus gros défaut, je suis le secret de sa vie qui ne devrait à jamais s’étaler à la vue de tous, parce que ça signifierait la fin de sa petite vie paisible. Quoique… Je doute que tant que je serai en vie, il sera vraiment tranquille, puisque je n’ai pas peur d’user de la menace maintenant pour le faire chanter.
three | Dans mon adolescence, j’ai appris à jouer du ukulélé. Vous savez, cette minuscule guitare qui peut être vraiment agréable… Je sais très bien en jouer, ç’a occupait longuement mes soirées quand j’étais privé de sortie et qu’on m’empêchait réellement de sortir par la fenêtre de ma chambre, mais dans ces moments-là, je me faisais une joie d’être une peste et de jouer comme un pied. Mes cousins me disaient que j’avais l’air d’un taré avec mon instrument, moi ça me faisait rire.
four | Je suis un sportif. Mon sport de prédilection c’est le basketball ayant même fait partie de l’équipe de l’école dans le temps. Non pas sans menacer de me faire jeter hors de l’équipe si je n’améliorais pas mes notes scolaires. Je crois qu’ils n’ont juste jamais mis leur menace à exécution parce que j’aurais dû être viré de l’équipe. Pourtant j’y restais, mais j’étais l’un des meilleurs éléments de cette team d’école, sans modestie, je le jure! Sinon, je fais quand même beaucoup de course, le but étant surtout de me tenir en forme pour garder mon apparence. Ce n’est pas parce que je suis superficiel, mais surtout parce que je désire continuer de rentrer dans mes costumes de scènes sans devoir m’en racheter et aussi parce que ça me fait un bien fou. C’est une thérapie pour moi, ça me permet d’évacuer toutes ses émotions et ses pensées nocives dans ma tête et croyez-moi, il y en a un tas!
five | Parlant d’école… je n’ai jamais été un grand fan de passer mes journées sur les bancs d’école. Je dérangeais souvent, j’étais inattentif, je parlais, je riais tout le temps. Je m’ennuyais parce que rien ne me stimulait suffisamment sauf les cours de sports. Ce n'était rien de bien grave après tout, je n'étais pas méchant, juste dérangeant… C’est suffisant pour que mes professeurs se souviennent encore de moi comme une petite tornade, ne voulant jamais rester en place sur son siège, défiant l’autorité et se retrouvant régulièrement dans le corridor pour ne plus déranger ceux qui travaillaient. C’est sans doute pourquoi j’ai eu toutes les misères du monde à terminer le cursus de base et que suite à cela, je n’ai pas désiré poursuivre mes études. Ç’a bien fait hurler mon oncle qui me disait que j’allais devenir le plus gros déchet que cette ville avait connu, que je me laisserais vivre par les autres… Je ne suis seulement pas du type école, ayant eu besoin rapidement de faire mon entrée sur le marché du travail pour obtenir mon indépendance et fuir le domicile familial.
six | Durant mon adolescence, comme de nombreuses autres personnes, j’ai découvert les joies de l’alcool qui permet d’oublier une fois consommée en quantité suffisante. Tant de souvenirs de gueule de bois le lendemain matin à me demander pourquoi les gens semblaient hurler dans mes oreilles. Toujours une joie incroyable. Couplé à l'alcool, il y a eu les joies de la drogue, me permettant de voir la vie en couleur bien plus facilement. Vous savez, les petites smarties? Les pilules du bonheur? Toutes ces shit qui vous font planer un long moment avant de revenir sur terre. Fut un temps où c’était mille fois mieux que d’affronter la réalité. Sans parler de la cigarette qui, d'abord pour faire comme les autres, est devenue une franche mauvaise habitude. Ces trois manies font toujours partie de mon quotidien, les contrôlant parfois bien parfois mal, tout dépendant mon état d’esprit...
seven | Malgré mon travail de soir et de nuit, je suis étonnement quelqu’un qui se lève tôt dans la journée, arrivant à être fonctionnel avec un 5-6h de sommeil seulement. Une habitude à enchaîner un rythme de vie effréné entre les pratiques sportives et le boulot.
eight | J’ai commencé à fréquenter les bars avant d’avoir l’âge légal d’y entrer, comme bien des adolescents après tout. Ce n’était pas toujours évident puisque j’ai gardé un visage un peu enfantin pendant un long moment, mais c’est au cours d’une de ces nuits que j’ai découvert un de ces bars qui offraient des spectacles de drag-queen. J’ai rapidement été charmé par ces personnes qui pouvaient devenir ces femmes au caractère parfois impossible, aussi exubérantes que créatives. J’y suis retourné plusieurs fois jusqu’à me lier d’amitié avec certaines d’entre elles, discutant après les spectacles. Ce n’est qu’une fois la majorité atteinte que l’une d’elle m’a demandé si ça ne pouvait pas m’intéresser de faire des spectacles puisque je semblais aimer l’ambiance. Alors, je l’ai fait. J’ai créé mon personnage suite à cet entretien. Ça m’a pris un bon mois, le temps de lui créer sa personnalité, apprendre à faire mon maquillage, acheter les accessoires, apprendre à marcher sur des talons hauts si haut que c’est à vous en soulever le coeur, apprendre des chansons, des chorégraphies. J’ai adoré être soutenu par les autres drag pour faire ma place petit à petit dans cet univers. Si elles ont l’air de toutes s’haïr sur scène, il y a tout de même un bel esprit de famille qui se cache derrière tout ça. Dans mon cas, c’est comme ma famille oui.
nine | Être sur scène, être Héra est profondément libérateur pour ma personne. La danse, le lipsing, l’exubérance, tout ça me défoule de mes journées dans le service à la clientèle. Ça me permet d’amuser la foule, de me séparer de ma vie, de devenir cette femme qui est absolument tous les côtés que je ne peux pas nécessairement être dans la vraie vie. Héra me permet d’être fou, de profiter de la vie dans ses moindres facettes. Mais je ne m’arrête pas toujours qu’à ses soirées dans les bars. Il m’arrive dans les jours totalement normaux, lorsque je suis en congé du restaurant que je sors en étant elle. Héra, elle me permet de dire les quatre vérités à tout le monde dans leur face (chose que les gens pensent n’être qu’un rôle par moment), mais c’est une bitch, ne gardant pas pour elle toutes les petites pensées qui lui trottent dans la tête. Là où moi je me contente de me moquer en fait de façon bien plus subtile… Quoique pas toujours. Il y a bien des moments où mes deux personnalités se mélangent, que même lorsque je suis moi-même, je parle comme si j’étais elle.
ten | J’adore la nourriture et la gastronomie. C’est toujours un plaisir pour moi de manger. C’est sans doute pourquoi je prends rarement le temps de me préparer de la nourriture, mangeant souvent au restaurant avec notre escompte et surtout parce que c’est bien meilleur que si je ne le fais moi-même. Pour vrai, si je ne faisais pas de sport pour maintenir mon apparence, je serais assurément gros. Si vous voulez me gagner, avoir une faveur ou je ne sais quoi, faites-moi à manger ou offrez-moi des sucreries, c’est presque assuré que vous allez m’avoir dans votre petite poche.
eleven | Une dernière chose, moi dans la vie, je suis totalement à l’aise avec mon corps, ma sexualité, j’assume totalement être drag-queen même si je n’en parle pas vraiment . Ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise et je le comprends, mais je n’hésite pas non plus à répondre aux questions quand les gens en ont pour moi. Je n’hésite jamais à me déhancher s’il le faut, à avoir toute l’attitude possible et impossible. C’est une vie entièrement assumée pour tout ce qui touche à autre chose que tout ce qui est véritablement personnel. À ce niveau, c’est complètement différent et j’ai beaucoup plus de chance de me refermer comme une huître. De toute façon, ma vie est ennuyante et n’intéresserait pas vraiment les autres.